Le Lac de Divonne : la flore aquatique, ce qui est enraciné, ce qui flotte.

 

Quand dès le printemps, les herbiers et les algues prolifèrent et parfois recouvrent des parties de la surface du lac ce qui empêche la navigation, gêne la pêche, gâche la vue du promeneur, alors bien souvent on entend parler de pollution. Le lac est pollué !!!!!
Eh bien non il n’est pas pollué, sa santé est correcte. Son eau, relativement claire est renouvelée environ tous les 100 jours grâce aux résurgences sous-lacustres et sa bonne santé est même due en partie à la présence des herbiers.
 

Il faut malgré tout rester vigilant, le LAC DE DIVONNE est un plan d’eau  en ville
 pouvant être menacé par des apports extérieurs polluants


Sont présents dans le lac :

- Herbiers enracinés dans les sédiments : myriophylle, cératophylle, potamot

- Herbier flottant : utriculaire
- Algue flottante ou posée sur les sédiments : verte filamenteuse

- Algue encrée aux sédiments : chara


 
 

Comment sont elles arrivées ? Quelques idées entre autres :

- Le lac a été creusé sur l’emplacement d’un marais où probablement certaines espèces étaient présentes.

- Pour aider au remplissage du lac, un tiers de la rivière a été détourné pendant 14 jours, des espèces pouvaient être présentes dans l’eau.

- l’apport d’éléments graines et parties de plantes par les oiseaux.
- Le navigateur quand il transporte son bateau d’un plan d’eau à un autre
- Le pêcheur quand il transporte son matériel d’un plan d’eau à un autre

La prolifération de cette flore aquatique est naturelle, elle est due à la photosynthèse, une eau claire et à une faible profondeur du lac.


La photosynthèse, c’est quoi ??  J’ai posé la question à ma biologiste préférée.
Sa réponse : je t’explique si tu as une heure à m’accorder !!
Je n’ai pas tout assimilé mais j’ai compris le grand principe que je soumets ici :
La photosynthèse c’est l’ensemble des phénomènes qui, sous l’influence de la lumière, permet aux plantes, qui contiennent des pigments photosynthétiques comme la chlorophylle, d’absorber, pour se développer, le carbone (C) à partir du dioxyde de Carbone (CO2) présent dans l’eau tout en y rejetant le dioxygène (O2). Dans une eau claire, la photosynthèse est active jusqu’à environ six mètres, la profondeur maximum du lac est de quatre mètres.

Pour proliférer le Carbone ne suffit pas, il faut des sels minéraux qui sont absorbés par les racines dans les sédiments pour les herbiers enracinés et dans l’eau pour les autres espèces. 

 

Nos plantes aquatiques indigènes mais invasives utilisent plusieurs stratégies de reproduction.

Les herbiers ont une reproduction sexuée (fleurs, fruits, graines) pour certaines la pollinisation se fait sous l’eau pour d’autre en surface. Certaines  développent des rhizomes et toutes pratiquent fragmentation et bouturage. La fragmentation peut être naturelle ou provoquée par la faune aquatique (oiseau, petit mammifères), la flore subaquatiques (poissons, écrivisses) mais également par l’homme lors de faucardages, arrachages et utilisation d’engins  à élises. Cerise sur le gâteau certaines  développent des bourgeons de survie qui permettent d'assurer la vie  de la plante en hiver et son redémarrage au printemps.

 

Le long de la tige de l’algue chara ont trouve régulièrement espacés des groupes de feuilles C’est là que se développent des bourgeons qui vont assurer la reproduction de la plante. Pas de racines pas de rhizomes et la fragmentation fonctionne si l’élément détaché contient le bourgeon. 
 

L’algue verte filamenteuse flotte ou repose sans attache sur le sédiment. La reproduction ce fait en interne par la division et la multiplication des cellules. Des amas peuvent ce détacher pour coloniser d’autres secteurs.

 

 


Il y aurait beaucoup à dire sur les différentes espèces de plantes ; trois ont retenu mon attention :
- L'algues vertes, sa prolifération est le signe d’une présence trop importante dans l’eau de phosphate et d’azote.
-
L’algue Chara est une algue primitive, selon certains auteurs elle serait un chaînon de l’évolution de la flore aquatique vers la flore terrestre. Ses tiges sont rugueuses, comme calcifiée, car elle absorbe, entre autres, le carbonate de calcium présent dans l’eau. Elle n’a pas de racines mais est ancrée dans les sédiments par des filaments. Elle est la première à coloniser un nouveau plan d’eau et va progressivement disparaître ne supportant pas la présence d’autres espèces ; de plus elle est sensible à la pollution, deux faits qui la classent dans « espèce en régression ».
A Divonne au bout de soixante ans, elle est curieusement toujours présente, mais ça c’est une autre histoire, un autre sujet de commentaires !

- L’utriculaire est flottante, c’est une plante carnivore, certaines variétés sont protégées. Elle se nourrit du zooplancton qu’elle absorbe au moyen de pièges (utricules) situés sur les feuilles immergées. Elle développe une petite fleur jaune. On la trouve souvent au contact d’herbiers qui apparaissent en surface. A Divonne elle est très discrète on peut l’observer près des « avancées des berges » où elle à été introduite en provenance de l’étang de Cessy. Son observation nous donne une bonne indication sur la présence ou non du zooplancton indispensable pour la vie de la faune aquatique.

 

Des actions mécaniques, faucardage et arrachage, sont régulièrement entreprises pour limiter l’expansion des herbiers et permettre certaines activités nautiques. Si elles sont entreprises sans discernement ces actions peuvent avoir un impact négatif sur la faune aquatique. A l’exception des perches-soleil et des black-bass qui déposent les œufs sur les sédiments dans un espace qu’ils ont aménagé les autres espèces déposent les œufs sur la végétation. Suivant les espèces les pontes s’étalent de février à fin juillet. On estime que fin août tout les œufs sont éclos. Septembre est donc la bonne période pour limiter la prolifération des herbiers, c’est aussi la période ou les herbiers sont au maximum de leur expansion. La bonne technique étant l’arrachage partiel, dans ces zones les herbiers ne seront pas gênants pendant deux ans.

Pendant la période estivale le travail qu’il est bon de faire c’est le ramassage des masses flottantes.

Les masses flottantes sont composées de fragments d’herbiers non ramassés lors des faucardages ou arrachages, de végétation en provenances des berges (feuilles, brindilles…), plantes aquatiques détachées du fond. Ces amas sont souvent recouverts d’algues vertes. 

Sur le fond du lac des matières organiques (poissons morts, amorce des pêcheurs, végétaux) se décomposent sous l’action des bactéries.

En période de fortes chaleurs, il arrive que sous l’action du gaz carbonique présent dans l’eau, des masses brunâtres issues de cette décomposition apparaissent en surface.

 

Les cyanobactéries, (algues bleues, leurs anciens noms), sont des bactéries  photosynthétiques, c'est-à-dire qu'elles tirent parti, comme les plantes,  de l’énergie solaire pour synthétiser leurs molécules organiques.  La présence des cyanobactéries est tout à fait normale, elles sont présentes naturellement  dans tous les éléments. Dans l’eau, c’est au-delà d’un certain seuil de concentration  qu’elles deviennent dangereuse pour la baignade, le contact avec l’eau et la consommation. Ce seuil est atteint dans les conditions suivantes : eau stagnante, température de l’eau anormalement élevée, fort ensoleillement. Alors apparaissent en surface des efflorescences qui ressemblent à des algues filamenteuses, dangereuses pour l'humain mais mortelles pour les chiens.  Les cyanobactéries sécrètent une toxine qui provoque chez l’animal une paralysie des muscles respiratoires, des vomissements, des convulsions. La pêche peut se pratiquer avec prudence vis à vis du contact avec l'eau, le poisson ne doit pas être consommé.
Du fait de son renouvellement régulier, l’eau n’est pas stagnante et il est peu probable qu’on observe des efflorescences dans le lac de Divonne.
 

Dans l’étang de Cessy, victime de la sécheresse entre juin et octobre l’eau devient stagnante, des efflorescences dangereuses peuvent apparaitre comme ici une première observation en septembre 2017 et plus tard régulièrement observée en période estivale.

 

 

Williame Coosemans

bill\divonne_herbier\index.htm